L’agrandissement des grottes
Dans une déposition de 1671, il écrit: “J’y ai entrepris l’ouverture d’une belle caverne dans le rocher pour dessin d’une chapelle” .
Cette « caverne » se situe dans la faille, à 15 mètres sous la brèche des moines et le projet de l’Abbé Aubert consistait à l’agrandir vers l’ouest pour la relier à la deuxième grotte, 10 mètres plus loin, au même niveau.
Cette grotte fut rapidement utilisée comme annexe de la chapelle Venture : l’abbé Paulet a écrit que, le 25 octobre 1654, “le Clergé de Saint Sauveur, sa musique et les pénitents de l’Observance portèrent une statue à Notre Dame de la Victoire qu’ils placèrent dans une grotte au-dessous de l’ancienne chapelle”.
Ces grottes avaient été complètement oubliées et ce n’est qu’en 2003 que nous les avons redécouvertes en descendant en rappel de la brèche des moines !
En s’enfonçant de quelques mètres à l’intérieur de la falaise, cette grotte part sur la gauche, comme un demi-cylindre de 6 mètres de long et 2 mètres de large. On ne peut pas s’y tenir debout (en 2003) à cause de l’amoncellement de terre et de pierres provenant de la fosse.
L’examen du plafond nous fait apparaître une voûte arrondie presque parfaite qui ne peut être que le fruit du travail de l’homme.
Nous en sommes d’autant plus persuadés que nous découvrons des traces de barre à mine sur toutes les parois et particulièrement au fond vers l’ouest, prouvant que l’abbé Aubert a cherché à aménager et à agrandir cette grotte.
Ces traces sont de même nature que celles visibles sur la brèche des moines.
Dans le fond de la grotte, on voit un cône de couleur plus clair, partant du plafond : il s’agit des traces du ruissellement de l’eau provenant de l’esplanade et de la fosse situées juste au-dessus et qui continue son travail millénaire de sape. On a pu vérifier qu’après une forte pluie, le sol de la grotte était mouillé au pied de ce cône.
C’est qu’aujourd’hui la grotte n’est plus “hors d’eau” comme elle pouvait l’être au 17e siècle avec la terrasse qui recouvrait la fosse.
En 1945, Maurice Court décrit, dans un livre remarquable « Sainte-Victoire des origines à nos jours », l’expédition qu’il a menée dans cette grotte où il a vu les restes de murs montés à la chaux montrant l’utilisation de ce lieu, sans doute comme ermitage, pendant des décennies et même des siècles, par les prêtres qui officiaient dans la chapelle Venture, puis comme abri pendant plus de 10 ans par les ouvriers qui ont construit le Prieuré.
Depuis les fouilles archéologiques en 2007-2009, la grotte a été rendu accessible depuis l’esplanade du Prieuré. Sa descente délicate nécessitant des équipements (échelle, cordes) est interdite au public
Pour pénétrer dans la deuxième grotte, il faut descendre en rappel depuis la brèche des moines. Après un couloir de quelques mètres, on débouche dans une grotte beaucoup plus haute, en forme de cône et d’un diamètre de 3 mètres.
Les traces de ruissellement sont visibles partout.
Sur la paroi est, on y trouve de nombreux trous de barre à mine, destinés à coup sûr à faire sauter la cloison rocheuse la séparant de la première grotte pour en faire la grande chapelle souterraine dont parlait l’Abbé Aubert !
Certains trous ont été forés sur plus d’un mètre de profondeur mais le temps s’est arrêté avant que la dynamite n’explose !
…On dénombre encore plus de 20 traces de trous dans la première grotte et une quarantaine dans la deuxième, mais la jonction des deux grottes n’a cependant jamais été réalisée.
Ce travail pharaonique a été réalisé sans doute vers 1653, 1654. Mais, pourquoi l’Abbé Aubert n’a-t-il pas été jusqu’au bout de son projet de grande chapelle souterraine ?
C’est la rencontre d’un mécène, Honoré Lambert qui a été à l’origine de la modification de ses projets :
Honoré Lambert, riche bourgeois de la ville d’Aix, était atteint d’une grave maladie et il avait fait voeu de construire une chapelle en l’honneur de Notre-Dame de Victoire s’il en guérissait, ce qui fut le cas !
L’abbé Aubert vanta si bien le site où il s’était retiré que Honoré Lambert fut conquis à l’idée de construire sa chapelle en haut de Sainte-Victoire. Ainsi, l’histoire du Prieuré commença en 1657 !