Le résumé
La petite chapelle Sainte-Venture
Le site sur lequel a été édifié le Prieuré que nous connaissons aujourd’hui a une longue histoire. D’après les textes que nous avons pu retrouver, elle commencerait au XIIIe siècle. C’est en effet en 1251, que l’on trouve les premières traces écrites concernant la présence d’une petite chapelle (ou ermitage), dite Sainte-Venture nichée au creux d’un vallon, à 900 mètres d’altitude, près du sommet de la montagne. Mais ces écrits ne précisent pas à quelle date elle fut construite.
Par contre, l’abbaye saint Victor à Marseille, qui possédait au XIe siècle pratiquement tous les édifices religieux de la région et qui en assurait le contrôle, ne mentionne pas dans ses registres (cartulaires) la présence d’un quelconque édifice religieux (chapelle, autel ou oratoire) à cet endroit, alors que la grotte où vécut saint Serf au Ve, qui est située au pied de la montagne siècle, est citée. La création de cette chapelle reste donc une énigme.
On peut cependant supposer que ce site a été témoin de rites religieux, païens puis chrétiens, comme ce fut souvent le cas sur des promontoires élevés ou dans les lieux isolés, mais faute d’éléments précis, nous devons rester prudents sur les hypothèses que l’on peut être amené à formuler.
En ces temps lointains, la montagne était désignée sous le nom de Montagne sainte-Venture, provenant très probablement du nom de la sainte, patronne de la chapelle.
Pour en savoir davantage, il faut attendre les XVe et XVIe siècles pour retrouver la trace de cette chapelle dans des écrits sous le même nom, ou avec des variantes à consonance latine ou provençale, comme Adventura, Aventura, Santo Venturi, etc.
Les ermites et les pèlerinages
Durant ces longues périodes qui s’étalèrent sur au moins quatre cents ans, de la mi – XIIIe à la mi – XVIIe siècle, cette chapelle fut servie par des ermites, la plupart du temps des prêtres qui, vivant très pauvrement en solitaires sur le site, avaient pour mission, en plus de leur méditations et des services religieux qu’ils assuraient, d’entretenir la chapelle avec quelques subsides que les communes avoisinantes leur procuraient et d’accueillir les fidèles qui venaient en pèlerinage.
Il est probable que le but des pèlerinages dont elle fit l’objet pendant si longtemps, fut la présence de reliques de saints ou de saintes qu’elle recelait et que les fidèles venaient vénérer pour obtenir quelques grâces.
Les premiers témoignages écrits de ces rassemblements de pèlerins remontent, à notre connaissance, à 1546. Mais le plus important fut sans conteste celui organisé par les habitants de Pertuis, petit village situé à une quarantaine de kilomètres au nord d’Aix, dont nous avons des descriptions très pittoresques, comme ceux qui se sont déroulés aux alentours des années 1652 à 1655. Ils se poursuivirent jusqu’en 1672 date à laquelle ils cessèrent, pour reprendre en 1691 jusqu’à la période révolutionnaire qui y mit à nouveau un terme. A la fin du XVIIIe siècle, leur tradition reprit pour se terminer à la fin du XIXe suite à l’abandon du site.
Ces pèlerinages donnaient souvent lieu à d’importants rassemblements de fidèles, bruyants et fervents, musique et banderoles en tête, qui n’hésitaient pas à parcourir à pied les quelques quatre-vingts kilomètres aller et retour qui séparaient leur ville de la chapelle. Arrivés au pied de la montagne, les pèlerins atteignaient leur lieu de culte en empruntant un chemin pentu et rocailleux, sur un dénivelé d’environ six cents mètres.
On constate donc que si la tradition des pèlerinages put se maintenir pendant des siècles, les périodes fastes alternèrent à plusieurs reprises avec d’autres beaucoup moins fastes.
Le temps passa et lorsque les guerres de religion qui avaient ensanglanté la France au XVIe siècle, se terminèrent par la signature en 1598 de l’Édit de Nantes, une ferveur religieuse nouvelle se manifesta un peu partout. C’est ainsi, qu’à la moitié du XVIIe siècle, un prêtre, l’abbé Jean Aubert, maître de cérémonie à l’église saint-Sauveur à Aix, qui se rendait souvent à la chapelle Sainte-Venture pour y prier et y méditer en solitaire, s’émut du spectacle de désolation qu’offrait l‘édifice qui, faute d’entretien, commençait à tomber en ruine. Dans l’espoir de redonner une vie religieuse plus digne à ce site, il décida à partir de 1652, avec l’aide de la confrérie sainte-Victoire d’Aix dont il était directeur, d’agrandir et de réunir en creusant la roche à coups de barre à mine et d’explosif deux grottes qui se situaient à l’extrémité du vallon au fond de l’aven. Le but de ces creusements était de réaliser une chapelle souterraine plus spacieuse que la chapelle Venture.
Mais l’ampleur de la tâche risquait de rebuter Jean Aubert. C’est alors qu’une heureuse rencontre se produisit qui le fit changer complètement d’orientation : il fit connaissance d’un riche bourgeois aixois, Honoré Lambert qui, après avoir été gravement malade, se trouva guéri contre toute attente. En reconnaissance à la Vierge Marie à qui il attribua sa guérison quasi miraculeuse, il offrit à Jean Aubert de participer financièrement à la construction d’une chapelle au sommet d’un promontoire qui dominait le site. Ainsi, l’édifice se verrait de loin et le son de sa cloche pourrait s’entendre aux alentours. C’était plus séduisant qu’une chapelle souterraine !
Le projet que l’abbé Aubert avait en tête était donc de construire une chapelle qui répondrait à ses vœux, mais si maintenant il pouvait disposer de moyens financiers, il lui fallait organiser le chantier qui durerait certainement plusieurs années et qui nécessiterait de recruter des ouvriers, de prévoir dans la région les approvisionnements en vivres et en matériaux, d’organiser les transports.
C’est ce dernier point qui retint son attention en premier lieu car le seul trajet qui existait pour atteindre le futur chantier était l’ancien chemin dit « des Venturiers » que les pèlerins empruntaient depuis longtemps pour se rendre à la chapelle Venture. Mais il était sinueux, étroit, raide par endroit et ne convenait pas pour transporter de lourds matériaux à dos d’âne ou de mulets. Il se mit donc en quête, dès 1655/56, d’autres chemins qui pouvaient desservir les communes avoisinantes du nord ou du sud de la montagne. En les aménageant et les reliant par des portions de chemins nouveaux (dont certaines sur ses propres économies), il créa un véritable réseau qui devait lui permettre d’approvisionner correctement son chantier.
C’est ainsi que sous la direction de Jean Aubert qui, en la circonstance, se transforma en maître d’œuvre, la construction de la chapelle put débuter en 1657 et se termina en 1661. Elle fut consacrée à la Vierge Marie, sous le nom de Notre-Dame-de-Victoire.
Dès qu’elle fut terminée, cette chapelle connut rapidement un incroyable succès populaire. A tel point que l’abbé Aubert, toujours avec l’aide financière d’Honoré Lambert, décida de donner plus d’ampleur au site en faisant construire à partir de 1663 un petit monastère destiné à accueillir quatre moines qui devaient le seconder dans son ministère.
C’est aussi à cette époque que fut construit, entre la chapelle qui venait d’être édifiée et ce monastère, un petit bâtiment comportant, au rez-de-chaussée un lieu d’accueil pour les pèlerins, financé par la confrérie sainte Victoire de Pertuis et au premier étage, un logement pour l’abbé Aubert financé par la communauté de Vauvenargues.
Pour assurer la subsistance des moines, Jean Aubert fit compléter ces aménagements, en réalisant deux jardins, l’un au nord sur les pentes de la montagne, l’autre au sud au pied de la falaise. L’ensemble de ces aménagements fut clôturé par un mur d’enceinte en pierres sèches.
En outre, de façon à faire face à l’afflux toujours croissant des pèlerins, l’abbé Aubert fit reconstruire en 1664 l’ancienne petite chapelle sainte-Venture qui était tombée en ruine. Elle put ainsi servir d’annexe à la chapelle principale Notre-Dame de Victoire et elle prit le nom de façon surprenante de chapelle sainte-Victoire. En même temps, il fit ajouter en plusieurs endroits des autels de plein air pour dire la messe et des pierres pour les confessions.
L’ensemble de ces constructions fut terminé en 1664, à l’exception du monastère qui ne fut achevé qu’en 1671. C’est à cette date que fut rédigé le compte final qui clôturait la collaboration entre Honoré Lambert et les maçons. Le long délai pour la finition du monastère peut s’expliquer par le fait que le site avait été déserté fin 1664 par les premiers moines Carmes.
Un dernier aménagement fut réalisé quelques années plus tard, probablement vers les années 1678 (on ignore la date exacte). Ce fut la construction d’une grande terrasse qui, prolongeant l’esplanade jusqu’à la brèche, permit de recouvrir la fosse. Elle nécessita elle aussi des moyens considérables car, reposant sur deux voûtes, elle prenait appui sur des murs ancrés dans la pente de l’aven. Cette terrasse s’effondra au XIXe siècle.
L’abbé Aubert qui vivait sur le site en ermite depuis le début des constructions, fit alors appel pour l’aider dans son sacerdoce, à quatre moines de la congrégation des frères Carmes d’Aix en Provence, de l’ordre de saint Benoît, qui vinrent s’installer dans le monastère au début de 1664. Mais rebutés par les difficiles conditions climatiques et par le fait que le monastère n’était pas encore terminé, ils quittèrent les lieux au bout de seulement neuf mois de présence.
Après le départ quelque peu précipité de ces moines, quelques ermites vinrent les remplacer de façon épisodique.
Puis, un autre groupe de quatre moines, de l’ordre des Camaldules, vint s’installer à son tour, en 1681, soit dix-sept ans plus tard. Vivant cloîtrés dans le monastère selon les sévères règles de leur ordre, ils assurèrent néanmoins l’accueil des pèlerins et aidèrent l’abbé Aubert dans ses tâches. Grâce à la présence de la terrasse qui venait d’être construite pour recouvrir la fosse, ils pouvaient se rendre, depuis l’arrière du monastère jusque dans le jardin sud grâce en passant sous celle-ci à l’abri des regards. Ils quittèrent les lieux en 1683, à peine au bout de trois ans de présence. Plus aucun moine ne vint s’installer dans le monastère.
Le départ de ces moines et la mort de l’abbé Aubert survenue en 1692, marquèrent le début d’une nouvelle époque beaucoup moins faste. En effet, faute d’entretien et de présence religieuse durable, le site connut un déclin inexorable qui dura jusqu’au milieu du XXe siècle. Ce déclin fut aggravé par l’action conjuguée des intempéries et des vandales. En particulier, il fut saccagé au cours de la période révolutionnaire, mais la nef de chapelle qui fut relativement épargnée, connut encore quelques activités religieuses de façon épisodique.
Des pèlerinages purent cependant être organisés à différentes reprises par des confréries de la région, notamment celui de 1855 qui fut relaté dans le célèbre périodique « L’illustration »
C’est au cours du XXe siècle que les activités religieuses cessèrent et que le site tomba dans l’oubli. Seuls des troupeaux de moutons trouvèrent refuge dans la chapelle.
Mais il était dit que les vestiges de ce Prieuré édifié au XVIIe ne seraient pas abandonnés car à la moitié du XXe, un miracle se produisit et le site put renaître de ses cendres.
C’est en contemplant ce spectacle de désolation qu’un homme, seul au début mais animé d’une foi et d’une volonté inébranlables, Henri IMOUCHA, décida en 1954 de stopper ce désastre, de sauvegarder ce site et si possible de le restaurer.
Depuis près de soixante ans, l’association “Les Amis de Sainte-Victoire ” a oeuvré pour la remise en état de ce site privilégié et pour faire revivre les traditions ancestrales ; elle peut être fière du résultat, même s’il y a encore beaucoup à faire…
Vous pouvez consulter la chronologie des travaux de 1955 à 2019
Le site sur lequel a été édifié le Prieuré que nous connaissons aujourd’hui a une longue histoire. D’après les textes que nous avons pu retrouver, elle commencerait au XIIIe siècle. C’est en effet en 1251, que l’on trouve les premières traces écrites concernant la présence d’une petite chapelle (ou ermitage), dite Sainte-Venture nichée au creux d’un vallon, à 900 mètres d’altitude, près du sommet de la montagne. Mais ces écrits ne précisent pas à quelle date elle fut construite.
Par contre, l’abbaye saint Victor à Marseille, qui possédait au XIe siècle pratiquement tous les édifices religieux de la région et qui en assurait le contrôle, ne mentionne pas dans ses registres (cartulaires) la présence d’un quelconque édifice religieux (chapelle, autel ou oratoire) à cet endroit, alors que la grotte où vécut saint Serf au Ve, qui est située au pied de la montagne siècle, est citée. La création de cette chapelle reste donc une énigme.
On peut cependant supposer que ce site a été témoin de rites religieux, païens puis chrétiens, comme ce fut souvent le cas sur des promontoires élevés ou dans les lieux isolés, mais faute d’éléments précis, nous devons rester prudents sur les hypothèses que l’on peut être amené à formuler.
En ces temps lointains, la montagne était désignée sous le nom de Montagne sainte-Venture, provenant très probablement du nom de la sainte, patronne de la chapelle.
Pour en savoir davantage, il faut attendre les XVe et XVIe siècles pour retrouver la trace de cette chapelle dans des écrits sous le même nom, ou avec des variantes à consonance latine ou provençale, comme Adventura, Aventura, Santo Venturi, etc.
Durant ces longues périodes qui s’étalèrent sur au moins quatre-cents ans, de la mi – XIIIe à la mi – XVIIe siècle, cette chapelle fut servie par des ermites, la plupart du temps des prêtres qui, vivant très pauvrement en solitaires sur le site, avaient pour mission, en plus de leur méditations et des services religieux qu’ils assuraient, d’entretenir la chapelle avec quelques subsides que les communes avoisinantes leur procuraient et d’accueillir les fidèles qui venaient en pèlerinage.
Il est probable que le but des pèlerinages dont elle fit l’objet pendant si longtemps, fut la présence de reliques de saints ou de saintes qu’elle recelait et que les fidèles venaient vénérer pour obtenir quelques grâces.
Les premiers témoignages écrits de ces rassemblements de pèlerins remontent, à notre connaissance, à 1546. Mais le plus important fut sans conteste celui organisé par les habitants de Pertuis, petit village situé à une quarantaine de kilomètres au nord d’Aix, dont nous avons des descriptions très pittoresques, comme ceux qui se sont déroulés aux alentours des années 1652 à 1655. Ils se poursuivirent jusqu’en 1672 date à laquelle ils cessèrent, pour reprendre en 1691 jusqu’à la période révolutionnaire qui y mit à nouveau un terme. A la fin du XVIIIe siècle, leur tradition reprit pour se terminer à la fin du XIXe suite à l’abandon du site.
Ces pèlerinages donnaient souvent lieu à d’importants rassemblements de fidèles, bruyants et fervents, musique et banderoles en tête, qui n’hésitaient pas à parcourir à pied les quelques quatre-vingts kilomètres aller et retour qui séparaient leur ville de la chapelle. Arrivés au pied de la montagne, les pèlerins atteignaient leur lieu de culte en empruntant un chemin pentu et rocailleux, sur un dénivelé d’environ six cents mètres.
On constate donc que si la tradition des pèlerinages put se maintenir pendant des siècles, les périodes fastes alternèrent à plusieurs reprises avec d’autres beaucoup moins fastes.
2 – LES FONDATEURS DU PRIEURÉ AU XVIIe SIÈCLE : Jean AUBERT ET HONORÉ LAMBERT.
Le temps passa et lorsque les guerres de religion qui avaient ensanglanté la France au XVIe siècle, se terminèrent par la signature en 1598 de l’Édit de Nantes, une ferveur religieuse nouvelle se manifesta un peu partout. C’est ainsi, qu’à la moitié du XVIIe siècle, un prêtre, l’abbé Jean Aubert, maître de cérémonie à l’église saint-Sauveur à Aix, qui se rendait souvent à la chapelle Sainte-Venture pour y prier et y méditer en solitaire, s’émut du spectacle de désolation qu’offrait l‘édifice qui, faute d’entretien, commençait à tomber en ruine. Dans l’espoir de redonner une vie religieuse plus digne à ce site, il décida à partir de 1652, avec l’aide de la confrérie sainte-Victoire d’Aix dont il était directeur, d’agrandir et de réunir en creusant la roche à coups de barre à mine et d’explosif deux grottes qui se situaient à l’extrémité du vallon au fond de l’aven. Le but de ces creusements était de réaliser une chapelle souterraine plus spacieuse que la chapelle Venture.
Le projet que l’abbé Aubert avait en tête était donc de construire une chapelle qui répondrait à ses vœux, mais si maintenant il pouvait disposer de moyens financiers, il lui fallait organiser le chantier qui durerait certainement plusieurs années et qui nécessiterait de recruter des ouvriers, de prévoir dans la région les approvisionnements en vivres et en matériaux, d’organiser les transports.
C’est ainsi que sous la direction de Jean Aubert qui, en la circonstance, se transforma en maître d’œuvre, la construction de la chapelle put débuter en 1657 et se termina en 1661. Elle fut consacrée à la Vierge Marie, sous le nom de Notre-Dame-de-Victoire.
Dès qu’elle fut terminée, cette chapelle connut rapidement un incroyable succès populaire. A tel point que l’abbé Aubert, toujours avec l’aide financière d’Honoré Lambert, décida de donner plus d’ampleur au site en faisant construire à partir de 1663 un petit monastère destiné à accueillir quatre moines qui devaient le seconder dans son ministère.
C’est aussi à cette époque que fut construit, entre la chapelle qui venait d’être édifiée et ce monastère, un petit bâtiment comportant, au rez-de-chaussée un lieu d’accueil pour les pèlerins, financé par la confrérie sainte Victoire de Pertuis et au premier étage, un logement pour l’abbé Aubert financé par la communauté de Vauvenargues.
Pour assurer la subsistance des moines, Jean Aubert fit compléter ces aménagements, en réalisant deux jardins, l’un au nord sur les pentes de la montagne, l’autre au sud au pied de la falaise.
L’ensemble de ces aménagements fut clôturé par un mur d’enceinte en pierres sèches.
En outre, de façon à faire face à l’afflux toujours croissant des pèlerins, l’abbé Aubert fit reconstruire en 1664 l’ancienne petite chapelle sainte-Venture qui était tombée en ruine. Elle put ainsi servir d’annexe à la chapelle principale Notre-Dame de Victoire et elle prit le nom de façon surprenante de chapelle sainte-Victoire. En même temps, il fit ajouter en plusieurs endroits des autels de plein air pour dire la messe et des pierres pour les confessions.
L’ensemble de ces constructions fut terminé en 1664, à l’exception du monastère qui ne fut achevé qu’en 1671. C’est à cette date que fut rédigé le compte final qui clôturait la collaboration entre Honoré Lambert et les maçons. Le long délai pour la finition du monastère peut s’expliquer par le fait que le site avait été déserté fin 1664 par les premiers moines Carmes.
L’abbé Aubert qui vivait sur le site en ermite depuis le début des constructions, fit alors appel pour l’aider dans son sacerdoce, à quatre moines de la congrégation des frères Carmes d’Aix en Provence, de l’ordre de saint Benoît, qui vinrent s’installer dans le monastère au début de 1664. Mais rebutés par les difficiles conditions climatiques et par le fait que le monastère n’était pas encore terminé, ils quittèrent les lieux au bout de seulement neuf mois de présence.
Après le départ quelque peu précipité de ces moines, quelques ermites vinrent les remplacer de façon épisodique.
Puis, un autre groupe de quatre moines, de l’ordre des Camaldules, vint s’installer à son tour, en 1681, soit dix-sept ans plus tard. Vivant cloîtrés dans le monastère selon les sévères règles de leur ordre, ils assurèrent néanmoins l’accueil des pèlerins et aidèrent l’abbé Aubert dans ses tâches. Grâce à la présence de la terrasse qui venait d’être construite pour recouvrir la fosse, ils pouvaient se rendre, depuis l’arrière du monastère jusque dans le jardin sud grâce en passant sous celle-ci à l’abri des regards. Ils quittèrent les lieux en 1683, à peine au bout de trois ans de présence. Plus aucun moine ne vint s’installer dans le monastère.
4 – LE DÉCLIN INÉXORABLE
Le départ de ces moines et la mort de l’abbé Aubert survenue en 1692, marquèrent le début d’une nouvelle époque beaucoup moins faste. En effet, faute d’entretien et de présence religieuse durable, le site connut un déclin inexorable qui dura jusqu’au milieu du XXe siècle. Ce déclin fut aggravé par l’action conjuguée des intempéries et des vandales. En particulier, il fut saccagé au cours de la période révolutionnaire, mais la nef de chapelle qui fut relativement épargnée, connut encore quelques activités religieuses de façon épisodique.
Des pèlerinages purent cependant être organisés à différentes reprises par des confréries de la région, notamment celui de 1855 qui fut relaté dans le célèbre périodique « L’illustration »
C’est au cours du XXe siècle que les activités religieuses cessèrent et que le site tomba dans l’oubli. Seuls des troupeaux de moutons trouvèrent refuge dans la chapelle.
CHAPITRE B: HISTOIRE D’UNE RESURRECTION ( de 1955 à nos jours)
Mais il était dit que les vestiges de ce Prieuré édifié au XVIIe ne seraient pas abandonnés car à la moitié du XXe, un miracle se produisit et le site put renaître de ses cendres.
C’est en contemplant ce spectacle de désolation qu’un homme, seul au début mais animé d’une foi et d’une volonté inébranlables, Henri IMOUCHA, décida en 1954 de stopper ce désastre, de sauvegarder ce site et si possible de le restaurer.
Depuis près de soixante ans, l’association “Les Amis de Sainte-Victoire ” a oeuvré pour la remise en état de ce site privilégié et pour faire revivre les traditions ancestrales ; elle peut être fière du résultat, même s’il y a encore beaucoup à faire…
Vous pouvez consulter la chronologie des travaux de 1955 à 2019